Hitoire de fils (3)
(Je me suis inscrite à un atelier d'écriture, atelier thématique qui doit faciliter l'écriture d'une vie ou de morceaux de vie.
Je l'ai choisi pour mener à bien un projet qui me tient à coeur depuis longtemps mais que je ne parvenais pas à entreprendre.
Écrire en partie la vie de mon fils aîné pour essayer de comprendre.
Il a 34 ans, des troubles psychiatriques dont nous ne connaissons, mon mari et moi, ni tout à fait la nature ni la gravité.
Il me semble qu'en essayant de reprendre son histoire, je parviendrai peut-être à me libérer, à prendre un peu de distance...Ce blogue sera mon cahier d'exercices et je compte sur les quelques lecteurs qui viendront me lire pour progresser.)
Voilà, c'est parti.
Mardi dernier je me suis trouvée sagement attablée avec d'autres pour entreprendre un récit de vie.
L'animateur, Michel Barlow, je le connaissais de réputation depuis longtemps. Ancien professeur de Lettres, il avait dû débuter un peu avant moi car son livre, "Journal d'un professeur débutant" est le premier livre de pédagogie que j'ai lu... il n'a d'ailleurs pas été suivi de beaucoup d'autres. Je me suis inscrite à la Faculté catholique pour lui. Il a lui-même écrit sur le récit de vie.
C'était à propos du groupe que j'avais besoin d'être rassurée.
C'est fait.
J'ai trouvé dans cette première rencontre une bonne atmosphère d'écoute, du respect et une réelle liberté de parole.
Bien sûr comme dans tout groupe humain j'ai déjà repéré des personnes avec lesquelles j'ai ressenti plus de complicité, ne serait-ce que par nos problèmes communs et donc notre projet d'écriture plus proche.
Donc, premier exercice, pour le 1er décembre.
Il s'agit, à partir d'extraits d'auteurs exprimant leur propre projet d'écriture autobiographique, de découvrir celui qui nous est le plus proche, de l'analyser pour définir son propre projet et l'écrire.
Voici déjà le texte que j'ai retenu.
Il s'agit de l'incipit du livre d'Émile Granger. "Ils m'appellent le vieux-un théologien chez les loubard".
"Toute vie est tissée de multiples fils. Je suis comme tout le monde. Ma chance est qu'il en est deux dans cette trame qui sont quelque peu exceptionnels et qui, en tout cas me passionnent et me donnent à vire et à croire. Les journalistes ont l'art des formules ramassées. À la suite d'une conférence publique que j'avais donnée à Moulins, l'un d'eux a titré : "un théologien chez les loubards." C'est assez bien condenser mes hantises. Le problème est qu'il s'agit de deux domaines assez différents mais qui n'ont cessé, pour moi, d'être contemporains, se fécondant mutuellement sans pourtant se confondre. Tentons pourtant d'en retracer le cheminement."
Pourquoi m'a-t-il accrochée ?
Plusieurs fils dans une trame... une vie c'est en fait la conjugaison de plusieurs vies.Pour moi aussi, il est deux fils qui, sans pouvoir être dits exceptionnels, sont si étroitement liés qu'ils donnent à ma trame un aspect rugueux, difficile... Il me faut les "repasser" non pour les rendre lisses mais pour les intégrer plus harmonieusement dans le tissu de mon existence.
Je reviendrai avant la prochaine rencontre pour un texte élaboré.